Je suis sioniste, je suis sioniiiiiste, quoi de plus naturel en somme...
... que de vous expliquer pourquoi!!
Mardi 19 avril 2016
Ca y est, 6 mois en Israël sont passés, je rentre exactement dans 1 semaine en France. Il est compliqué de faire un bilan complet de mon expérience ici. J’ai encore des milliers d’idées pour mes petites pages internet, mais je n’aurai pas le temps de les écrire ! (Vous n’imaginez pas le nombre de « débuts » de page que mon ordinateur couve). J’ai énormément de choses à partager, mais si je ne devais faire passer qu’un seul message, c’est celui qui suit…
Je suis sioniste.
Même en étant juive et en ayant été 10ans aux EEIF (scouts juifs), en vivant en France j’avais, consciemment ou non, un peu l’impression qu’être sioniste avait une connotation un peu (voire énormément pour certains) péjorative. J’ai bien changé d’avis, et suis heureuse de le dire, j’AS-SU-ME : je suis sioniste. Certains penseront peut être que je me suis fait enrôlée, que mon séjour en Israël, c’est ma Syrie à moi, que j’ai été victime d’un lavage de cerveau, que le soleil fait que je perds la boule et suis très influençable, et ne vois pas toutes les mauvaises choses qui se cachent derrière le «sionisme» et Israël, aveuglée par les plages et fiestas de Tel Aviv, la shakshouka, les beaux israéliens… Tant pis pour eux, pour les autres, voici ce qu’est être sioniste en 2016 pour une jeune juive française.
Je n’ai pas la prétention de refaire l’histoire du sionisme (passionnante), tout est ici : Histoire du sionisme. Il s’agit de vous dire ce que j’ai sur le cœur. Ce ne sont pas de grandes revendications politiques (car oui, on peut être profondément sioniste, et ne pas être d’accord avec la politique de Benjamin Netanyahu) ou un grand virage de personnalité (je reste stable sur le plan hémodynamique). Juste de l’information que j’estime nécessaire.
Être sioniste, c’est être convaincue de la nécessité de l’existence d’un état juif, le seul pays juif du monde. La raison (pour moi) est pratique avant d’être religieuse : il faut un refuge pour les juifs de diaspora (du monde entier), puisque l’Histoire a prouvé à maintes reprises qu’il y aura toujours quelqu’un pour trouver que les juifs ne sont pas à leur place dans le pays où ils habitent. Ce n’est pas une vue de l’esprit, de la victimisation, de la paranoïa ou une manière d’attirer les projecteurs sur les juifs, c’est une réalité. Le portail de la maison de campagne de mes grands parents s’est trouvé décoré de croix-gammées il y a plus de 10ans, l’été 2014 boulevard sur des murs du boulevard Montparnasse, il y avait écrit « mort aux juifs », janvier 2015 après les attentats, dans le métro parisien, il y avait écrit « juifs dehors ». Même si j’ai conscience que ce ne sont des petits cons, que ça me passe presque au dessus, ça ne fait pas plaisir…
En France (la FRANCE punaise, pas l’Iran ou la Russie, LA FRANCE…) en 2006, 2012 et 2015, des juifs ont été tués parce que juifs.
Theodor Herzl (1860-1904), journaliste hongrois fondateur du sionisme, grand visionnaire, et peut être « prophète moderne» l’avait compris : il était laïc, intégré et «assimilé» (sapin de Noël et compagnie… !!), mais l’antisémitisme dont il a été témoin, dont l’affaire Dreyfus, l’a convaincu de la nécessité d’un foyer où personne ne pourrait jamais reprocher à un juif d’être ce qu’il est, sans menace morale ou physique pour le simple motif d’être ce qu’il est.
Être sioniste, c’est être convaincue de la légitimité de l’existence de l’Etat d’Israël. Pour moi il n’y a pas à débattre (oui, je suis comme ça moi, je cloue des becs par écrit !! :D ). Je comprends ceux gênés par l’idée d’un état pour une religion, car il y a une grande culture laïque en France. La religion doit être une affaire personnelle, et certains sont choqués du concept « du pays juste pour les juifs ». Pour avoir la nationalité israélienne, c’est simple : ce sont les mêmes critères que ceux définis par les nazis (fournir la preuve qu’au moins un grand parent est juif). Encore une fois, si l’Histoire avait été différente, si les juifs de diaspora avaient la certitude de vivre leur judaïsme librement, sereinement, les choses auraient été différentes. Porter la kippa, être en week-end le jeudi soir et commencer la semaine un dimanche pour pouvoir passer un bon chabbat en famille, ne pas travailler à Kippour, avoir une fête nationale où tout le monde agite un drapeau avec une Magen David, pouvoir se rendre facilement sur le lieu le plus Saint du judaïsme : le mur Occidental, soutenant le Mont du Temple/ Esplanade des Mosquées, ne pas se demander si on peut manger la nourriture de la cantine, qui sera forcément cachère… ce sont parfois des détails très pratiques, mais c’est bien de savoir qu’il y a au moins 22000km2 sur Terre où ces choses sont normales, une évidence.
Être sioniste, c’est être convaincue que l’Etat juif a sa place en Palestine, dans la Judée biblique, sur la Terre Sainte, la terre d’Israël, à coté du mont Sinaï et pas ailleurs : pas en Ouganda, en Mongolie ou sur les îles Fidji. Jérusalem, Hébron, Safed et Tibériade sont les 4 villes saintes du judaïsme. Contrairement à ce que certains journalistes ont encore le culot d’écrire, il y a toujours eu une présence juive en Palestine. Les nombreux vestiges d’anciennes synagogues en témoignent : dans le Golan, à Jéricho, à Tibériade, à Jérusalem : un peu partout dans le coin!! (Je ne parlerai pas de tous les sites archéologiques témoins de la présence juive depuis des millénaires au Proche-Orient : en Iran, en Syrie, au Liban… dont il semble très peu probable que les juifs puissent y avoir de nouveau accès prochainement, voire un jour). On pourrait me rétorquer qu’il n’y a pas besoin d’habiter dans le coin et d’utiliser un motif religieux pour revendiquer le droit de vivre sur cette terre. J’aimerais être d’accord, mais encore une fois : ailleurs, on aurait toujours fini par nous reprocher d’y être. Jusqu’en 1967, les juifs ne pouvaient pas aller prier au mur Occidental (« des lamentations »). Les chrétiens et musulmans, depuis des siècles, ont la possibilité de se rendre dans les villes les plus saintes, ils n’ont jamais eu l’accès interdit à la Basilique Saint-Pierre de Rome ou à la Mecque.
Être sioniste, c’est donc être convaincue que les Israéliens ne sont pas des colons sur les terres reconnues officiellement comme frontières de leur pays. Pour les autres frontières et les territoires palestiniens, c’est un autre débat, cette fois ci politique, détaché de mon sionisme.
Pour moi être sioniste ce n’est pas… faire partie d’une grande confrérie rassemblant des nez crochus qui complotent en secret pour dominer le monde, influencer l’économie mondiale, étendre ses grandes pattes d’araignée sur tout le Proche-Orient avant de s’attaquer au reste du monde et contrôler la pensée de l’humanité à travers les médias. Etre sioniste, ce n’est pas soutenir à tout prix et aveuglément la politique du gouvernement israélien, quelle que soit la décision prise, ce n’est pas vouer une haine aux Palestiniens et vouloir leur mort et en particulier celle d’enfants, ce n’est pas incompatible avec la volonté de l’existence d’un état palestinien, ce n’est pas non plus vouer une haine à tous ses voisins : libanais, syriens, égyptiens, jordaniens. D’ailleurs, être sioniste, c’est vouer de haine à personne, c’est juste vouloir une petite place au chaud pour les juifs, si ça se corse par chez eux, en diaspora…
Et je peux vous garantir que pour la plupart des sionistes (c’est à dire, de nombreux juifs israeliens et du reste du monde), c’est ça, être sioniste. Il y a aussi le sionisme politique ou le sionisme religieux, mais ce sont des sous catégories, où beaucoup moins de gens se retrouvent.
Voilà, les sionistes, c’est des gens cool quoi :D
Theodor Herzl, fondateur du sionisme. Une artiste de Tel Aviv s'est amusée à "hipsteriser" de nombreuses personnalités politiques israéliennes et du reste du monde
Theodor Herzl a écrit dans son journal (1er septembre 1897), après le congrès de Bâle (1er congrès sioniste): « Si je devais résumer le congrès de Bâle en une seule phrase — que je me garderai de prononcer publiquement — je dirais : à Bâle, j'ai fondé l'Etat juif. Si je disais cela à haute voix aujourd'hui, je serais accueilli par un fou rire général. Peut-être dans cinq ans et certainement dans cinquante ans, tout le monde s'en rendra compte. » Le 14 mai 1948, 49ans et 6 mois après, David Ben Gurion déclare l’indépendance de l'Etat d’Israël. Merci à eux deux, car grâce à eux, j’ai passé 6 mois incroyables en Israël :D
Être sioniste, c’est être tombée amoureuse d’Israël (cette fois-ci, je suis dans l’affect… :D ), le pays, les gens tellement optimistes, dynamiques, travailleurs, vraiment très gentils même si un peu rudes, accueillants, souriants, des gens de partout, partouuuuuut, de TOUTES les religions, qui peuvent vivre leur spiritualité librement, s’habiller comme ils veulent : du voile intégral aux rabbins nudistes… Loin de l’étiquette, des a priori, de la hierarchie, ici : ce que tu fais, c’est ce que tu es. Les israéliens sont des bâtisseurs, pas des discuteurs (dédicace à Robert Gamzon). Pas de défilé de mode, pas de courbettes ou d’excès de politesse, pas de perte de temps à prendre des pincettes. On dit ce qu’on pense, on crie, on s’engueule, on parle de politique et d’argent sans honte. On donne sa chance à celui qui a une idée, et ça, c'est très appréciable... On va de l'avant, on ne reste pas assis sur ce canapé si confortable d'acquis et de traditions en disant "c'est compliqué" ou "c'est pas possible". La manière de relativiser : le temps (les internes ont 35ans, et c’est pas grave !), les distances (3h de bus pour 150km !!), la vie, la haine que vouent certains à Israël (qu’ils continuent à gaspiller leur énergie et leur salive, les israéliens continuent d’avancer sans eux). Leur rapport au travail : la vie coute cher, il faut gagner de l’argent, alors ayons deux travails !! sans jamais se plaindre… Les israéliens sont courageux, ils font l’armée, ont tous connu des guerres, savent l’avenir de leur pays parfois incertain, mais jamais ils ne s’apitoient, ils ont au contraire beaucoup d’auto-dérision. Pas le temps de se dire que ça ne va pas… on ne sait pas ce qu’il se passera demain, alors profitons aujourd’hui !! L’Histoire, la gastronomie, les escapades, les baignades, les fiestas, la découverte de la Palestine… Tellement de choses à vivre !! Je ne suis pas naïve, et Israël a beaucoup de travers, de problèmes politiques (intérieurs et exterieurs), sociaux, religieux (entre juifs)... mais vous l'aurez compris: mon expérience a été très très positive, je mets 4 bleu. Israël, c'est un distributeur de good vibes. Le pays est magnifique, mais je ne suis pas une poète : il faut venir voir par vous même !! (et non, je n'ai pas été soudoyée par l'office de tourisme israélien ou l'Agence Juive pour écrire cette page).
"Sabra" (figue de barbarie) désigne les israéliens natifs du pays, piquants à l'exterieur, doux à l'interieur
Houmous et Optimisme, j’vous aime putain!
-Clarita-
Commentaires (6)
- 1. | 13/06/2016
- 2. | 28/04/2016
- 3. | 23/04/2016
Il N y a pas de mot assez fort pour T exprimer ma fierté mon amour et mon admiration
Reste authentique et pure
Mam
- 4. | 22/04/2016
- 5. | 22/04/2016
- 6. | 20/04/2016
Bravo.
Bisous.
Yves ( papa de David et Charlotte)