TRADITIONS, SYMBOLES et SIGNIFICATIONS de POURIM
13 avril 2016
« Le hasard n’existe pas !! » pourrait être la morale de Pourim..
Synagogue Internationale de Tel Aviv, Pourim 2016. Père Rabbin Noëlovitsh
A Tel Aviv, j'ai pu vivre Pourim en immersion totale, j’ai découvert et appris beaucoup de choses. Par exemple : j’adoooooore la fête de Pourim et toutes ses traditions, et j’espère passer d’autres Pourim en Israël !! Enfant, Pourim c’est surtout l’occasion de se déguiser et de manger des bons gâteaux !! Ici tout le monde joue le jeu, y compris au travail :D J’ai compris que Pourim était bien là lorsque j’ai vu dans la rue un père de famille en tigre, pousser tranquillement une poussette avec un ourson dedans, et promenant en même temps son chien en tutu vert fluo. Et comme disait une copine, c’est difficile de prendre son banquier au sérieux lorsqu’il vous annonce un découvert déguisé en lapin… :D
Mais… pourquoi se DEGUISER à Pourim ?!
Petite selection de photos de Pourim 2016 à Tel Aviv ici!!
Il est rappelé avec insistance que l’histoire apparemment profane et décousue du Livre d’Esther est en réalité le plan de Dieu qui agit «en voilant sa face » (hébreu : הסתר פנים Hester panim) et que le nom même de l’héroïne y fait allusion. Dans le Livre d’Esther, le nom de Dieu n’est jamais écrit. L’enchainement d’évènements sans lien apparent entre eux était nécessaire pour éviter l’anéantissement du peuple juif exilé dans le royaume perse. Contrairement à Hanouka, où la fiole d’huile a brulé 8 jours au lieu de 1, il n’y a pas de « miracle » physique. L'usage populaire de se déguiser à Pourim, doit donc être compris comme l’affirmation que, quelle que soit la manière dont Dieu déguise ses miracles, ici sous l'aspect de faits naturels, nous nous sentons indéfectiblement capables d'y voir de vrais miracles. Lorsqu’on relit l’histoire, on décèle en effet de nombreux « concours de circonstances » qui ont permis d’éviter une grande catastrophe.
Dieu joue à CACHE-CACHE
A l'époque du premier Temple, on pouvait contempler clairement la présence de Dieu, on pouvait sentir Dieu dans Jérusalem. Aujourd'hui, Dieu est toujours là, mais depuis la destruction de ce Temple, l'aptitude des juifs à se lier à Dieu est devenue beaucoup moins directe. Nous en déduisons que la présence de Dieu après la destruction du Temple, s'est dissimulée dans le monde, mais que nous pouvons encore le voir agissant par l'histoire. C'est ainsi qu'il provoque des miracles cachés se succédant les uns aux autres afin d'aider les juifs à survivre, tenant de cette façon sa promesse qu'Israël restera une " nation éternelle". Le Talmud nous apprend que cette façon de régner sur le monde a été effectivement prophétisée dans le livre du Deutéronome, où Dieu a dit : "Je dissimulerai sûrement Mon visage ce jour-là…" (Deutéronome 31, 18). Le mot hébreu pour " dissimuler " - hestèr - dans la mesure où son orthographe ressemble à celle du nom " Esther ", est considéré comme une allusion à l’histoire de Pourim.
La MORALE de cette histoire…
Source Lamed: « L'expression hébraïque qui décrit le mieux Pourim est : wenahafokh hou, ce qui veut dire : " renversement de l'histoire ". Une catastrophe nous a menacés, qui semblait inéluctable, mais elle était, en fait, minutieusement planifiée pour le bien. Rien n'arrive par hasard. C'est là aussi une manière de résumer toute l'histoire juive. Nous nous apercevons, en relisant l'histoire de Pourim, que tout avait été mis en place à l'avance pour une issue heureuse. Il y a une raison à tout, et Dieu veillera toujours à ce que, même dans les pires circonstances, les Juifs disposent d'une issue de secours.»
Certains essaient par la même logique d’expliquer «pourquoi» la Shoah a eu lieu… Je pense que c’est difficile de trouver quelque chose de positif à ce tragique épisode de l’histoire du peuple juif… Parfois je me dis seulement que cela a peut être (peut-être!!) accéléré la création de l’état d’Israël, nouveau refuge des juifs d’après guerre. (Attention! je ne dis pas que la Shoah est la justification de la création d’Israël). C’est un débat, mais je ne pense pas que l’on puisse donner une signification à tout ce qui nous arrive, en particulier les évènements malheureux de nos vies…
SIGNIFICATION DES MOTS Pourim, Méguila, Esther…
*Pourim est un mot d’origine persane qui signifie « sorts », (« pour » au singulier, « pourim » au pluriel en hébreu). Il y a plusieurs « sorts » et évènements qui semblent liés au hasard dans l’histoire de Pourim. En réalité Pourim peut être aussi compris comme « chance », pour illustrer le fait que rien n'arrive par hasard. Selon l’idéologie de la tribu de Haman (les Amalécites), tout ce qui arrive est une occurrence aléatoire, le fruit d'un pur hasard. C’est ainsi qu’il tire au sort la date à laquelle tous les juifs de Perse doivent être tués. Mais au final, à partir du moment où Haman a jeté les dés du destin, tout va se retourner contre lui.
*Le mot méguila, rouleau en hébreu est tiré du mot « révéler » et le nom Esther, אסתר dont le nom juif était Hadassa (« myrte » en hébreu), vient de la racine «dissimuler, voiler ». Le livre d’Esther nous révèle les choses cachées de Dieu et son intervention discrète mais toujours présente auprès de son peuple.
BOIRE « jusqu’à ne plus distinguer le bon du mauvais »
La tradition est de boire à Pourim mais… pourquoi et surtout… jusqu’où ?! ;)
Je cite principalement Rav Lazer Gurkov : http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/485183/jewish/Etat-dbrit.htm
- Jusqu’à ne plus pouvoir distinguer « maudit soit Haman ! » de « béni soit Mardochée ! », le gentil du méchant, le Saturnin du Bisounours… mais attention !! Contrairement à ce que certains pensent, il ne s’agit pas de boire à l’extrême !! Il faut se « parfumer », s’enivrer légèrement, juste de quoi pouvoir dépasser un premier niveau de conscience (et il y a de la marge avant l’ivresse totale !!) et capter ainsi l’esprit de Pourim. «Lorsque le vin a émoussé l’esprit, lorsque la pensée cohérente n’opère plus et que le Juif, malgré son état d’ébriété, reste dévoué à sa religion, il a capté l’esprit de Pourim. Notre lien avec Dieu nous engage parce qu’un juif et Dieu sont liés dans l’essence. Quand il est confronté à une épreuve, le juif s’attache à Dieu, nonobstant sa précédente condition spirituelle. Ce lien transcendantal est la dimension mystique de la coutume de boire du vin à Pourim. L’essence de ce jour n’est pas émotionnelle ou intellectuelle. Elle est perceptible par l’âme, plus que par l’esprit ou le cœur.» - Rav Lazer Gurkov -
- En souvenir de la place centrale du vin dans l’histoire de Pourim: «nous buvons du vin pour commémorer le salut de notre peuple, qui se révéla à travers une série de festins royaux dans lesquels, comme l’indique le Livre d’Esther, le vin était l’un des principaux ingrédients et moteur des événements.»
- Créer de la camaraderie et surmonter les rancunes et les jalousies : « À Pourim, chacun doit tendre la main et pardonner les vieux griefs et les anciennes jalousies. Nous nous réjouissons avec nos amis et buvons un verre de vin ensemble dans l’espoir de dépasser les malédictions et les bénédictions qui nous divisent, abandonnant les vieilles rancunes et ravivant les anciennes amitiés »
Attention à ne pas trop boire, sinon vous serez amenés à dire : « ANI CHATOUILLE !! »
OREILLES d’HAMAN
Comme vous l’avez lu, Haman, c’est le grand méchant de l’histoire de Pourim. Et c’est pour cela que, pour se venger… on mange ses oreilles biensûr !! En effet, les « Oreilles d’Haman » en français, «Oznei Aman » en hébreu ou encore « Hamantaschen » en yiddish sont les gâteaux traditionnels de Pourim. Plus ou moins bons en fonction du/ de la patissièr(e) !! Je préfèrerai toujours les «gâteaux blancs», petites couronnes et autres makrouds de ma grand mère !! Pour moi, ceux là sont les vrais gâteaux traditionnels de Pourim. J’ai réalisé en venant en Israël qu’il ne s’agit que d’une tradition d’Algérie, et que la plupart des juifs du reste du monde fêtent Pourim avec des Oreilles d’Haman !!
JEÛNE d'Esther
http://www.aish.fr/print/?contentID=141347673§ion=/ Le jeûne d'Esther a lieu le jour qui précède Pourim (le 13 Adar). Dans la Méguila (4:16), Esther avait accepté de voir le roi sans y être invitée, et avait demandé aux Juifs de jeûner pendant trois jours auparavant. Les Juifs jeûnaient et priaient le 13 du mois d'Adar également en préparation de leur lutte contre le décret d'Haman. De la sorte que ce jeune n’est pas un jeûne d’affliction, mais plutôt d’élévation spirituelle et d'inspiration.
Les 4 MITZVOT/ «bonnes actions » de Pourim :
http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/1128426/jewish/Guide-Pratique-Complet.htm
- Ecouter la méguila (le rouleau) d'Esther la veille au soir et dans la journée : l’histoire de Pourim, en hébreu (que j’ai essayé de résumer ci dessus). La coutume est de faire du bruit à la mention du nom de Haman, en conformité avec le commandement d’effacer le souvenir de Amalek (Deut. 25:17-19). De même, le Shabbat qui précède Pourim est appelé Shabbat Zakhor, parce que dans la lecture du Maftir figure le commandement de se souvenir (Zekher) Amalek.
- Participer à un festin (« Michté »): mentionné dans la Méguila, cela consiste en faire au moins un repas de fête, selon les moyens de chacun. Ce repas doit se faire dans la joie (« Sim'ha »). La consommation de vin (qui par ailleurs se retrouve tout au long du miracle raconté dans la Méguila) doit donc y tenir une place de choix. Ce repas doit également comporter de la viande qui, selon nos Sages est indispensable pour réjouir les cœurs (phrase à faire bondir tous les végans athées).
- Se distribuer au moins deux mets directement consommables (« Michloa'h Manote ») Deux raisons sont ramenées à propos de cette obligation : d'une part, le désir de créer un lien d'affection à l'égard de son prochain, indépendamment de toute différence religieuse ou sociale, afin de « réparer » l'harmonie au sein du peuple juif, dont le manque a jadis favorisé la promulgation du terrible décret d'Haman. D'autre part, la volonté de combler le manque de certaines personnes qui préfèrent cacher leur indigence, et qui ne peuvent pour cela honorer la fête comme il se doit. Selon le premier sens donné à cette mitzva, l'obligation serait plutôt tournée vers le donneur (qui doit montrer l'amour qu'il porte à son prochain). Alors que d'après la seconde interprétation, l'obligation serait davantage dirigée vers le receveur (qui doit pouvoir fêter convenablement).
- Donner de l'argent aux pauvres : il est préférable de consacrer son argent davantage à cette mitsva, plutôt que d'envoyer à profusion des mets à ses amis, ou de faire un repas de Pourim trop fastueux.
Mise en abîme de la fête de Pourim: des gens déguisés en « Michloa'h Manote »: les paniers de nourriture que l'on a l'habitude d'offrir à Pourim!! (et des amis: Johanna (ma roomate!!), Alexandre (de Masa), et Chloé (interne en médecine en congé sabbatique à TLV!!) :)
KIPPOUR, une imitation de Pourim
Comme l’expliquait rabbin Avihai Cohen, lors du chabbat que j’ai passé à Safed mi-mars (juste avant Pourim) certains Kabbalistes et commentateurs moins mystiques expliquent que Pourim est une fête très importante dans le judaïsme, voire la plus importante !! En effet Kippour serait une imitation de Pourim : « Ki-Pourim » « Comme-Pourim » « Ki-Pour ». Alors que Pourim est une fête « positive », de célébration d’un événement salvateur et heureux, Kippour serait son pendant « moins positif », un moment de repentance. Ces mêmes commentateurs expliquent que Pourim serait la seule fête qu’il faudra continuer à célébrer après la venue du Messie. C’est dire à quel point la symbolique de Pourim est importante !!
Ajouter un commentaire