Lumières du Judaïsme
1er avril 2016 (publié le 12 avril 2016)
Aujourd’hui, en visitant le musée de la Diaspora, exposant beaucoup de chandeliers en tous genres, je me suis dit que la Lumière tient une place importante dans le judaïsme. Au risque de faire quelques redondances avec mes pages sur Hanouka, voici quelques mots sur les Lumières du Judaïsme : 1, 2, 2 en 1, 6, 7, 8 : il y a de quoi faire… :D
2 : LES BOUGIES de CHABBAT
Explications résumées à partir de ce document très bien fait :
- http://www.morashasyllabus.com/French/class/Shabbat%20II.pdf
- autre source: http://www.consistoire.org/pdf/Guide_informel_chabbat_mondial2015.pdf
Pour marquer le début de Chabbat, les femmes et petites filles du foyer allument deux bougies (ou plus), environ 15 minutes avant le coucher du soleil le vendredi. Les hommes aussi peuvent le faire. Une bénédiction est dite après avoir allumé les bougies.
Pourquoi allumer les bougies de Chabbat ? Toujours plusieurs explications, en voici quelques unes :
- Réparer la faute de Adam et Eve : en commettant le péché originel, Adam et Eve éteignirent la lumière éclatante du jardin d’Eden, leurs descendants se virent confier la tâche de la rallumer. Contrairement à ce que certains pensent, ce n’est par parce que les femmes allument les bougies de Chabbat, que c’est pour réparer la seule faute de Eve, qui aurait entrainé Adam au péché ! En réalité, l’homme aussi a l’obligation d’allumer les bougies de chabbat. La coutume a fait que les femmes principalement allument ces bougies, pour marquer le rôle particulier de la femme et son aptitude à « imprégner sa maison de la sainteté de chabbat ». Je me souviens en particulier de l’allumage des bougies sur les camps EEIF, où toutes les filles se réunissent avant de rejoindre l’office. Ce petit moment «girly» est agréable à partager, et j’imagine que c’est aussi l’occasion d’un moment particulier entre une mère et ses filles.
- Paix et joie dans le foyer : Les bougies confèrent une importance au repas de chabbat et honorent ce jour, elles créent une atmosphère paisible dans la maison.
- Métaphore de la spiritualité : « L’âme d’une personne est la bougie de Dieu, qui promène ses lueurs dans les replis du cœur». michlé (Proverbes) 20:27
Pourquoi deux bougies ? En symbolique des aspects positifs et restrictifs de Chabbat, les deux bougies correspondent à « souviens-toi » (za’hor) et « garde » (chamor).
2 en 1 : La HAVDALAH (littéralement, «séparation, distinction »)
Bougie tressée comprenant au moins 2 mèches (souvent 6 mèches, qui symbolisent les 6 jours de la semaine), on l’allume pour marquer la fin de chabbat, lorsque 3 étoiles sont apparues dans le ciel. La flamme est là pour signifier et symboliser le fait que tout le travail de la semaine peut maintenant reprendre. La tradition est d’observer les reflets de la lumière sur ses ongles. C’est en rapport avec un commentaire de la Bible disant qu'au jardin d’Eden, Adam et Eve avaient une peau "de lumière", translucide comme de l'ongle, avant de pécher. Ils étaient nus, ne cachaient rien, sans hypocrisie. Au sortir du chabbath (qui est considéré comme un avant-goût du monde futur), on s'en souvient, histoire de se rappeler l'idéal à atteindre : savoir dépasser les apparences et rechercher la vérité...
Pourquoi au moins 2 mèches sur la bougie de la Havdalah ? http://www.jewishtreats.org/2016/02/a-multi-wick-candle.html
Les 2 mèches apportent plus de lumière, et en font une torche.
- Cela représente la dualité des mondes spirituel et matériel.
- D’après un autre commentaire biblique (Samuel, Midrash Rabba, 11:2), c’est aussi pour se souvenir du moment où le feu a été créé pour la première fois : Adam est effrayé par l’obscurité qu’il découvre suite au péché originel. Dieu lui fabrique deux silex qu’il frotte l’un contre l’autre, allume une torche et récite une bénédiction.
- Les mèches multiples suivent aussi l’école de Hillel, selon laquelle il y a plusieurs illuminations qui sont émises par la lumière, la flamme nait de plusieurs flammèches (Talmud Brachot 52b).
La cérémonie de la Havdalah comprend aussi une bénédiction sur le vin (pour la joie) et sur des épices odorantes. L’odorat est considéré comme le plus spirituel de nos sens, et les épices aromatiques sont destinées à nous revigorer et nous reconforter après avoir perdu la spiritualité communiquée par Chabbat.
8 : HANOUKIA
La Hanoukia est un candélabre à 9 branches, la 9ème bougie servant à allumer les 8 autres (8 bougies, pour 7 jours de miracle). Ce candelabre est utilisé uniquement pour célébrer le miracle de Hanouka (fête des Lumières, mois de décembre). nous allumons une bougie par jour de fête, tous les jours en ajoutant une bougie supplémentaire, sur une Hanoukia. Plus de détails ici ! :D
Summum de l'art graphique religieux, par ccTLV
7 : LA MENORAH
Ici la Menorah imaginée par Salvador Dali, à l'entrée de l'aéroport Ben Gurion, à Tel Aviv
La Menorah est un chandelier à 7 branches qui fait partie des objets du culte judaïque. Il est l’un des plus vieux symboles de la religion juive. Appelée «Menorah du Temple », elle est devenue en 1948 le symbole de l’État d’Israël. Sa belle esthétique l’a fait progressivement entrer dans les foyers non pratiquants en tant qu’objet de décoration. Elle est composée d’une branche centrale de laquelle partent 3 branches de part et d’autre et doit reposer sur 3 pieds. Inspirée de la botanique, la forme de la Menorah proviendrait d’une variété de sauge qui pousse en Israël, la Moriah ou Salvia Palestinae. Sa description très précise fut faite à Moïse lorsqu’il reçut l’ordre divin de la fabriquer (chapitre 25 de l’Exode).
Moriah ou Salvia Palestinae, dont est inspirée la forme de la Ménorah, chandelier à 7 branches (même si la plante en a 9!! :) )
La Ménorah est aussi l'emblème d'Israël
En février 2016, lors d’un office de chabbat que je passais à la synagogue libérale de Yafo (Mishkenot Ruth Daniel), la femme rabbin Mira Raz a expliqué que la Menorah et la fête de chabbat sont aussi liées : la branche centrale symbolise le jour de Chabbat et les 6 autres branches latérales sont les autres jours de la semaine. Chabbat est donc le pilier, l’élément central, fedérateur, le tronc qui relie les branches. C’est une manière de dire que le quotidien ne tiendrait pas debout si le jour de Chabbat n’existait pas ! Chabbat donne un sens au reste de la semaine.
Cafetaria du musée de la Diaspora : de Einstein à Léonard Cohen, en passant par Amy Winehouse et Bob Dylan : il y en a pour tous les gouts!
Le beau musée de la Diaspora, à l’Université de Tel Aviv, fait débuter son exposition par la reconstitution du détail de la « Procession Triomphale » fresque visible à Rome sur l’Arc de Titus, datant de 81 après JC. On y voit les Romains piller le Temple de Jérusalem, en emportant la Ménorah.
Plus précisement : http://iers.grial.eu/modules/introduction/judaismi/judindex-4_fr.html «Cet arc de triomphe a été érigé par l’empereur Domitien en 81, il célèbre les victoires de son frère et prédécesseur Titus en Judée, notamment marquées par la destruction, en 70, de Jérusalem et de son Temple. Le détail présenté ici décrit le triomphe des Romains. On y voit un cortège dirigé par Titus, installé sur un quadrige, qui porte le butin de la victoire et franchit la porte impériale. Le butin est constitué de trésors pillés dans le Temple de Jérusalem, notamment d’un chandelier à sept branches en or (menorah), symbole spécifiquement biblique qui se trouvait dans le Temple. Il s’agit d’ailleurs de la seule représentation d’époque de ce chandelier que l’on connaisse aujourd’hui. »
En détruisant le Temple et tous ses ornements matériels, les Romains pensaient conduire le peuple juif à sa perte : plus de Temple, plus de Juif… ah ah ah, la bonne blague!! L’Histoire a bien prouvé le contraire. Certes, la destruction du Temple a conduit à un nouvel exil, à une autre Diaspora («dispersion»), mais le judaïsme a traversé les âges et les épreuves. Récemment, lors d’un des offices que j’ai passé dans la synagogue libérale de Ruth Daniel à Tel Aviv, la femme rabbin Mira Raz expliquait que le bien finit toujours par triompher. Elle venait de perdre sa mère, qui avait été deportée à Bergen-Belzen mais a vécu une belle et longue vie. Le peuple Juif survit toujours à ceux qui cherchent sa disparition : les juifs sont, le nazisme n’est plus (enfin… des remplaçants feront toujours surface!!).
Le musée débute avec le pillage du Temple et de sa menorah et finit avec cette fenêtre « menoresque » sur Jérusalem. Les juifs sont dispersés, «ils sont partout», traversent les âges et survivent à leurs détracteurs. L’attachement à des valeurs communes, traditions, symboles, et objets tels que la ménorah, en font son unité.
Les traditions varient, mais l’essence reste la même, de San Fransisco à Kiev, de Göteborg à Pretoria !! Un reportage du photographe Jono David exposé au musée m’a fait découvrir différentes communautés juives en Afrique centrale, où le judaïsme connaît un renouveau depuis le début du 20ème siècle. Voici le lien de ses photos partout en Afrique, ça vaut le détour !! http://jewishphotolibrary.smugmug.com/AFRICA
Traduction du petit encart explicatif : « L’histoire d’amour entre le peuple juif et l’Afrique du Nord a débuté à l’époque de Abraham et Sarah, qui fuirent une grande famine qui sévissait sur Canaan (ancien Israël) et allèrent en Egypte. L’Afrique du Nord a été la maison de nombreux juifs, depuis la destruction du Premier Temple jusque la fin du 20ème siècle. Au 19ème siècle, des juifs ont émigré au Sud du continent. Aujourd’hui, le nord de l’Afrique a perdu la plupart de ses habitants juifs, et le sud du continent plus de la moitié. Cependant, un renouveau du judaïsme a débuté au centre de l’Afrique, où certaines tribus adoptent un mode de vie juif. »
Photographies de Jono David, musée de la diaspora, Jewish Revival in Africa (2016), http://jewishphotolibrary.smugmug.com/AFRICA
Si vous avez bien suivi, vous noterez la «coquille» de la ménorah à 9 branches :D
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6 : LES SIX BOUGIES
Le chandelier à 6 branches est allumé une fois par an, pour « Yom HaShoah », en souvenir des 6millions de juifs exterminés par les nazis. Le chandelier de la photo a été imaginé par Zohara Schatz (en 1985), il se trouve au mémorial des noms, le musée Yad Vashem (« mémorial de la Shoah ») de Jérusalem. C’est aussi l’emblème du musée.
Pièce à la mémoire des 1,5millions d’enfants disparus lors de la Shoah. Une seule bougie est allumée au centre du mémorial, son reflet dans de multiples miroirs donne l’illusion de voir de petites lumières briller à l’infini, comme des étoiles, dont on ne serait les compter tellement elles sont nombreuses…
Yom HaShoah, officiellement « Yom HaZikaron laShoah vélaGvoura», jour de la mémoire, a lieu le 4 du mois de iyar (mois d’avril ou mai). Différentes cérémonies ont lieu chaque année dans les communautés juives du monde entier. Par exemple à Paris, est organisée la lecture des noms des 76 000 juifs déportés depuis la France, au Mémorial de la Shoah. En Israël, à 10h du matin, les sirènes sonnent pendant 2 minutes et tout le pays s’arrête, les passagers descendent des bus et voitures, le silence se fait. Il paraît que c’est un moment très fort à vivre. Le lendemain (5 iyar), le pays célèbre dans la joie l’indépendance de l’état d’Israël, Yom HaAtsmaout: un beau symbole…
1 : BOUGIES DE LA MEMOIRE
Ces bougies de la mémoire (memorial candle, ou yahrzeit candle (du yiddish «anniversaire du décès »)) sont allumées à la mémoire des défunts. Elles peuvent rester allumées jusque 26heures, sont allumées à la date anniversaire d’un décès, lors de Yom Kippour ou Yom HaShoah, ou tout simplement en souvenir d’une personne chère. J’en vois régulièrement allumées lors de mes balades à Tel Aviv, aux endroits où se trouvent de petits mémoriaux en souvenir de victimes de divers attentats.
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